le courage et la crainte...

Citation :

"la crainte, quelque chose de plus profond que le courage" (Gertrud Von le Fort - la dernière à l'échaffaud)

une phrase percutante qui m'a entraînée dans une réflexion à partager...
parle-t-on uniquement ici de crainte et de courage, d'instinct ancestral, du devenir de l'homme?
n'est-ce pas, à travers cette si petite phrase, toute l'histoire de l'humanité qui se profile, se dessine maladroitement, évoquant déjà l'amour, le don, et même les atours dont on pare la vie pour croire que la crainte n'est plus?... c'est vrai, les sciences peuvent-elles nous sauver de cela? apportent-elles les réponses infaillibles, remplaçant le courage par la raison?
une foule de questions engendrée par quelques mots semés au fil d'un écrit, mais qui peuvent déjà nous faire entrer dans le vif du débat...

La raison, c'est peut-être l'immobilisme... la crainte, le courage, serait-ce la sensibilité, ce qui fait de nous des êtres humains?
Les animaux aussi possèdent ces sentiments, pourtant...
Dès lors, ce qui nous différencierait d'eux, ce serait la raison? je ne crois pas, je pense que la raison, c'est la logique, la logique, c'est la mécanique...
Un coeur n'a pas de raison, ni de logique, tout est aléatoire, inattendu, mystérieux...
La crainte est profonde, mais peut-être y a-t-il plusieurs sortes de craintes : celle qui, timide, nous empêche d'aller au-devant des autres... d'Elle... de Lui... qui n'a jamais connu cela?... Et puis celle, profonde à l'excès, celle-ci, qui nous étouffe et nous immobilise, nous entoure de ses tentacules pour ne pas que nous bougions, pour ne pas que nous sortions de la peur qui tarit le flot de nos réflexions...
Je ne sais pas, c'est ce que mon coeur me dit, pas mon cerveau... ^^

la raison (ou science) est-elle l'immobilisme, c'est amusant, car aux antipodes de ce qui est recherché. je ne suis pas assez concernée par le domaine pour émettre une opinion là-dessus. et puis y en a-t-il un plus fort que l'autre peut-être pas, mais quelqu'un me faisait récemment remarquer quelque chose de judicieux. la crainte demeure après l'épreuve, comme le fantôme de l'épreuve elle-même, alors que l'acte de bravoure, dicté par le courage est bien plus éphémère. pourquoi, je ne sais pas. mais ce que j'ai accompli de "grand" dans ma vie, demandant du courage, me semble avec le recul, logique, presque normal, réaction de survie en quelque sorte. alors que les terribles frayeurs traversées, des années après, nous épouvantent encore rien qu'à leur évocation. c'est notre fonctionnement qui est étrange

La raison (dans un certain sens) c'est aussi ce qui nous permet de prendre la vie de façon plus légère, de prendre du recul face à ses passions, donc de moins souffrir, et par la suite... d'avancer? Il y en a qui disent que l'Homme sage est celui qui s'est libéré de ses passions... par quoi si ce n'est par la raison? Peut-être y a-t-il une idée "d'épreuve" dans la raison, quelque chose vers lequel on tend, difficilement, alors qu'il est bien plus facile de se laisser gagner par "l'instinct", ancestral presque animal et... plus profond (comme le dit la citation ). Certains disent qu'ils préfèrent écouter leur coeur, vivre une vie en dents de scie; certains aspirent à quelque chose de plus raisonné; c'est peut-être une question de choix de vie, d'âge aussi

la voie de réflexion vers laquelle tu nous entraînes est intéressante, parce que chez les mystiques du monothéisme, le coeur et la raison sont un et duel en même temps. il y a deux sortes de vérités: celle du coeur, à différencier de la passion; celle qui est mûrie même par la raison, ou plutôt par la réflexion, ce qui n'est pas exactement pareil. et puis il y a la vie "raisonnée" justement qui vient s'y opposée. la vie des contraintes, des mises de côtés, des acceptations et des silences. et cette vie-là est une vie d'enfermement. à l'inverse donc de la libération dont tu parles. mais n'est-ce pas précisément parce que la raison prend différents sens selon son contexte et les concepts qui la côtoient?
mais par rapport à ce que tu dis, la raison, source de vie paisible, nous éloignant de l'instinct primitif et des "passions", c'est une forme de réflexion, de recul pris par rapport à ce qui nous entraîne dans le quotidien jusqu'à ce qu'on ne "pense" plus ce que l'on fait, mais qu'on le fasse les yeux baissés. j'ai alors envie de dire qu'il s'agit de "conscience des choses" et non de raison. la raison est trop vaste pour nous satisfaire ici. mais la conscience permet de dissocier l'orientation dite souvent "scientiste", de la réflexion. alors la raison devient le choix conscient et non le choix dicté par les normes, les dogmes, les fonctionnements de la société. faire un choix conscient, c'est agir en idividu face à d'autres individus et dans le respect de la liberté de chacun (normalement ^^) en opposition à la raison gnénéralisée qui engendre une application systématique et implique aussi, il faut le dire, un profil de société qui ne s'accorde pas forcément à l'éthique... bon, j'arrête de vous assommer parce que je poursuis ma pensée, mais je suis plus claire du tout

Non non, continue, Eärlindë, tu abreuves nos esprits et enchantes nos coeurs... par rapport aux passions qui nous entraînent aveuglément vers les actions irréfléchies de notre instinct, j'aimerais juste glisser ceci : Ma devise "Faer nórui, cened sael...", "Esprit ardent, vue sage...", représente bien la bivalence et le paradoxe dont je suis fait : selon moi, il faut savoir dompter sa force, la maîtriser, la canaliser : "Sans contrôle, la puissance n'est rien"... mais ne pas l'étouffer, la museler, la brimer... nous avons chacun en nous une part d'indomptable, de puissance pure et ardente... il ne s'agit pas selon moi d'étouffer ou d'apaiser cette flamme, au contraire, mais d'apprendre à la connaître, à la maîtriser... et canaliser cette force, cet instinct, cette chose étrange en nous, dans un but bien précis... Sur la voie de l'épée, par exemple, il faut utiliser sa rage et sa force pure concentrée sur l'ennemi, car il est l'ennemi... tout en faisant preuve de sagesse et de discernement, et c'est là le plus important et le plus étrange, selon moi... apprendre à rediriger toutes les ténèbres en soi, toute la colère, tout le feu libre en son coeur vers l'ennemi, comme un faisceau destructeur... ne pas oublier sa puissance, mais l'utiliser à bon escient... c'est là, je pense, l'une des facettes mystérieuses de la longue voie de la sagesse...
Ainsi, ne pas céder aveuglément à ses passions, ne pas en être l'esclave, mais plutôt apprendre à se connaître, à connaître ses réactions et celles des autres, pour prévoir, anticiper, voir plus loin... c'est ainsi que je vis, que je combats, que j'aime... Force et habileté, puissance et sagesse, Lumière aveuglante et intelligence... le courage au-delà du téméraire, la sensibilité sans l'angoisse pétrifiante... ne pas être son propre esclave, mais se voir depuis un point extérieur, se remettre en question et avancer sans cesse plus loin sur les chemins étranges d'une vie de mystère et de paradoxe...


Ombre et Lumière,
Force et Poésie,
Arc et Épée,
Amour de la Lumière et Haine de l'Ombre,
Bienveillance et Feu indomptable,
Magie et Mystère,
Comprendre l'Ombre pour servir la Lumière,
Comprendre le Monde
Pour servir la Vie...

mais je ne comprend pas, comment ne pas justement être escalves de ses passions, la passion n'est elle pas irréfléchi soudaine, quelque chose d'impulsive qui nous entraine sur le moment, quelque chose auquel on ne peut résister, on s'y perd et on suis la route qu'elle nous dicte, sans vraiment peser le pour et le contre?

C'est là le paradoxe... le mystère de cet équilibre si étrange... ne pas se soumettre totalement à sa brutalité, mais la métamorphoser en une arme absolue dont on ne doit pas avoir peur, que l'on ne peut craindre soi-même : Si elle est employée à juste titre contre des servants du Mal, ce ne sera pas une ombre pour obscurcir ton coeur, mais une lumière éclatante de furie qui aveuglera les êtres de l'Obscurité... toute sa force est dirigée vers ton ennemi, et non vers toi... si tu maîtrise ton arme, tu peux en faire quelque chose de surprenant et de sauvage, tout en t'étant très bien connu...

Paradoxe et mystère de soi, fascination étrange et connaissance instinctive...

le problème et toute la difficulté est justement de la maîtisé...

C'est un défi contre soi-même... parvenir à trouver la sagesse des Elfes, la pureté des Fées et la malice des Lutins... devenir davantage qu'un simple Humain... ne pas juste se mettre à l'écart, mais parvenir à se hisser lus haut que l'esprit si gris des Hommes... Voir plus loin, penser plus distinctement...

*Faire de ses rêves une vie... de sa vie un rêve...*

La passion .. elle est source pour certains de bassesse et pour d'autre source de bonheur.. en tout les cas il faut vraiment savoir la maïtrisé pour en faire quelque chose qui puisse de permettre de t'avancer... comme le dit Lothenon...

la peur qui est en nous est une peur qui ronge chaque âme qui essaie de chercher à vivre de manière sage , elfique.. mais celle ci.. ne doit plus te guider .. c'est la Lumière que tu en fait (car tu connais les raisons de ta peur..) qui dois le faire !!

le mal est peut être parfois nécessaire à avoir été subit pour se tourner contre lui...

la raison est difficile à obtenir qu'en dans votre coeur un autre souffle est en vous.. une autre vie !!

ceci n'est que mon humble pensée...


Les pleurs de l'âme sont une source qui ne se tarit jamais.. laissant me dévoiler.. petit à petit...

je sens toute l'ambiguité profonde de ta question wilhelmine ^^ (ah ma petite fée incandescente) et pour y répondre je m'écarterai très légèreté des suggestions faites jusqu'alors...
j'ai un jour appris d'un sage bouddhiste une phrase qui m'a marquée. "on ne maîtrise pas son corps, on apprend à le comprendre, on suit ses lois et on les épouse jusqu'à magnifier l'ordre des choses" . cela m'a beaucoup touchée physiquement autant que mentalement, car mon corps est loin de toujours suivre ma volonté. la maîtrise est un mot violent qui implique un rapport de force. alors que s'adapter et apprivoiser tendent dans le même sens que le mouvement primitif. ta passion n'a nul besoin d'être entravée ou maîtrisée; mais juste d'être écoutée dans sa mesure. elle est douloureuse? brûlante? écoute ce que t'enseigne son déchirement, plus en naîtra une force nouvelle, une oreille plus ouverte. rien dans notre existence et dans les passions qui la rendent si belle et si terrible n'arrive par un hasard total. la voie de la sagesse est peut-être la voie du destin. crainte ou courage, tout s'engouffre dans le mot vie et se réveille en notre conscience...

Oui, je crois que de mêler nos esprits nous a permit d'y voir plus clair sur des choses que nous faisions jusqu'alors instinctivement...

Comprendre et ne pas juger, se mettre à la place de la chose observée et ne pas tenter de la plier à sa volonté... en tirer force, enseignement et richesse en puisant dans ses secrets, et ne pas croire en connaître plus sur le monde que la Nature elle-même... tirer sagesse de ses nobles enseignements, et ne pas la mouler à notre image...

C'est peut-être la différence entre les Elfes et les Hommes...
Les Elfes, qui sont "du" monde, qui y vivent, qui vieillissent avec lui, sans jamais mourir, qui le comprennent et s'y fondent...
...et les Humains, qui eux veulent tout dominer, qui ont reçu ce don de toujours souhaiter plus, mieux, plus vite... d'évoluer et de forger leur environnement, leur vie, à leur souhait...